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L’asset liabilities management au cœur de la gestion du bilan

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Table des matières

La stabilité financière d’une banque ou d’une compagnie d’assurance repose non seulement sur sa rentabilité, mais aussi sur sa capacité à gérer les risques liés aux divergences entre actifs et passifs. L’asset liability management (souvent abrégé ALM) constitue une réponse stratégique à ces enjeux. 

Dans cet article, nous allons définir ce qu’est le management ALM, exposer ses trois piliers fondamentaux, expliquer comment une stratégie ALM se bâtit, et montrer comment on y intègre une approche de liability management pour maîtriser le risque de taux.

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En résumé

DéfinitionL’Asset Liability Management (ALM), ou gestion actif/passif, vise à aligner les actifs et passifs d’une institution afin de maîtriser les risques structurels du bilan.
Objectif principalAssurer la stabilité financière et la rentabilité à long terme en réduisant l’impact des variations de taux et des déséquilibres de liquidité.
Les 3 piliers1. Risque de taux 2. Risque de liquidité 3. Risques de marché / structurels
Stratégie ALMDéfinition des limites de sensibilité, simulations de scénarios (stress tests), couverture par instruments dérivés, ajustements selon le contexte économique et réglementaire.
Outils utilisésDuration gap, immunisation, swaps de taux, futures, stress tests, indicateurs de liquidité.

Asset Liability Management (ALM) : définition

Le terme anglais asset and liability management, désigne l’approche par laquelle une institution financière veille à synchroniser ses actifs (prêts, titres, investissements) avec ses passifs (dépôts, emprunts, obligations) afin de minimiser les déséquilibres et leurs conséquences. En français on utilise donc le terme “gestion actif/passif”.

Cet exercice — au carrefour du risk management et de la planification stratégique — permet notamment de limiter les effets négatifs de variations de taux d’intérêt, de pressions sur la liquidité ou d’expositions aux scénarios de marché.

Quels sont les trois piliers de l’ALM ?

Une politique ALM robuste repose en général sur trois piliers complémentaires :

  1. Risque de taux

Le risque de taux (ou risque de taux d’intérêt) intervient quand les taux bougent et affectent la valeur des actifs ou des passifs.
L’ALM cherche à limiter cet impact via des techniques comme l’immunisation, le duration gap, l’ajustement des échéances ou des couvertures (swaps, dérivés).

  1. Risque de liquidité

Il s’agit du risque de ne pas pouvoir honorer les retraits, remboursements ou besoins de trésorerie à court terme. L’ALM analyse les écarts de liquidité dans le temps (gaps) et identifie quand les ressources ne couvriront plus les engagements.

  1. Risque de marché / autres risques structurels

Bien que ces risques soient parfois traités séparément (ex. risque de change, risque de crédit, risque de modèle), l’ALM a vocation à intégrer une vue globale du bilan.

Ces trois piliers (taux, liquidité, marché) forment donc la base d’une politique ALM cohérente, capable de « gérer les risques » à l’échelle de l’entité.

Qu’est-ce qu’une stratégie Asset Liability Management ?

Le cadre réglementaire joue un rôle déterminant dans la définition et la mise en œuvre d’une stratégie d’Asset & Liability Management (ALM). Il fixe les règles prudentielles, les exigences de capital et les normes de gouvernance que les institutions doivent respecter pour garantir leur stabilité financière.

1. Cadre européen : CRR, CRD VI et IRRBB

En Europe, l’ALM s’inscrit dans le cadre général de la réglementation prudentielle CRR III / CRD VI (Capital Requirements Regulation / Directive). Ces textes imposent aux établissements de crédit :

  • une mesure du risque de taux d’intérêt dans le portefeuille bancaire (IRRBB – Interest Rate Risk in the Banking Book) ;
  • une surveillance du risque de spread de crédit (CSRBB – Credit Spread Risk in the Banking Book) ;
  • la mise en place de stress tests et de scénarios de taux extrêmes pour évaluer la sensibilité du bilan.

En 2024, l’EBA (European Banking Authority) a publié de nouvelles lignes directrices obligeant les banques européennes à reporter plus de 6 000 points de données ALM relatifs aux taux, durées, et liquidités, afin de renforcer la transparence sur le risque structurel de taux d’intérêt.

2. Le pilier II et la gouvernance ALM

Les institutions doivent démontrer, via le Pilier II (ICAAP/ILAAP), que leur stratégie ALM permet de maîtriser les risques structurels et de maintenir une solvabilité suffisante dans divers scénarios macroéconomiques.

Elles doivent notamment :

  • documenter les limites internes de risque de taux et de liquidité ;
  • assurer la supervision par un comité ALCO (Asset & Liability Committee) ;
  • intégrer les résultats ALM dans les décisions stratégiques de financement et d’investissement.

3. Spécificités pour les assurances : Solvabilité II

Dans le secteur de l’assurance, l’ALM s’inscrit dans le cadre de la directive Solvabilité II, qui impose une correspondance stricte entre les actifs et les engagements techniques (passifs) pour garantir la capacité de paiement à long terme.

Les assureurs doivent :

  • mesurer le mismatch de duration entre leurs actifs et passifs ;
  • effectuer des tests de résistance (stress tests) sur les taux, spreads et marchés ;
  • disposer d’un capital de solvabilité requis (SCR) adapté à leurs expositions ALM.

4. Autres cadres de référence

CadreObjet principalImpact sur l’ALM
IFRS 9Classification et valorisation des instruments financiersAffecte la comptabilisation des écarts de valeur entre actifs et passifs.
BCBS 368 (Bâle III)Encadrement du risque de taux dans le portefeuille bancaireDéfinit les mesures normalisées de sensibilité et les stress de taux.
LCR / NSFRRatios de liquidité réglementairesEncadrent la gestion du risque de liquidité structurel dans la stratégie ALM.

5. Les principaux éléments de la stratégie ALM

La stratégie ALM consiste à fixer les orientations de gestion des risques et des écarts entre actifs et passifs selon une vision à moyen ou long terme. Elle inclut les éléments suivants :

  • la définition de tolérances (limites) de sensibilité aux taux ;
  • la simulation de scénarios et le stress testing pour tester les chocs de taux ;
  • le recours à des instruments de couverture (swaps, futures, options) ;
  • l’allocation d’actifs en fonction des profils d’engagements ;
  • le suivi régulier et l’ajustement en fonction de l’évolution macroéconomique et réglementaire.

Une stratégie efficace de liability management — c’est-à-dire la gestion proactive des passifs (ex. refinancement, allongement des maturités) — est un volet essentiel de l’ALM, car elle permet de structurer le passif afin de mieux absorber les chocs de taux.

Le rôle du liability management dans l’ALM

Le liability management est l’art de composer avec les dettes / engagements (passifs) — leur coût, échéance, fréquence — pour les rendre compatibles avec les actifs et les objectifs de l’institution. En adaptant les échéances ou en renégociant les conditions de refinancement, on limite les déséquilibres.

Dans une approche ALM, le liability management permet de :

  • protéger la marge d’intérêt en limitant l’effet adverse des taux → contribuer à gérer les risques ;
  • ajuster la structure du passif en fonction du profil de l’actif ;
  • préparer le refinancement à des conditions maîtrisées dans le temps.

Enjeux et limites de l’Asset Liabilities Management

AvantagesLimites
Meilleure visibilité sur les déséquilibres bilan, en particulier sur le risque de taux et la liquidité.Dépendance forte aux hypothèses (modèles, comportements clients) — risque d’erreur de modélisation.
Capacité à anticiper et amortir les chocs macroéconomiques ou de marché.Complexité opérationnelle : mise en place d’outils, coordination entre fonctions, gouvernance renforcée.
Optimisation de la marge d’intérêt et alignement stratégique entre actifs et passifs.Recherche d’alignement parfait entre actifs et passifs difficile : marché, comportement clients et échéances varient.
Renforcement de la résilience financière et conformité réglementaire accrue.Nécessité d’ajustements fréquents : évolutions de taux, de réglementation, des comportements clients rendent le pilotage dynamique.

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First Finance est un organisme de formation spécialisé dans le secteur de la finance. Grâce à son expertise, First Finance accompagne les professionnels de la finance (banques, assurances, gestion de patrimoine, directions formation) dans le développement de compétences techniques avancées. 

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FAQ

Que signifie assets and liabilities management ?

Le terme anglais Asset and liability management (ALM) se traduit en français par Gestion actif-passif (GAP). Il désigne le processus de gestion coordonnée des actifs et des passifs d’une institution, avec pour objectif de limiter les déséquilibres et ainsi maîtriser les risques.

Qu’est-ce qu’une stratégie ALM ?

Une stratégie ALM est un plan global qui définit comment l’institution va composer, simuler, couvrir et ajuster ses actifs et ses passifs pour atteindre ses objectifs (rentabilité, solvabilité, risque acceptable). 

Qu’est-ce qu’un analyste ALM ?

Un analyste ALM (Asset-Liability Management Analyst) est un professionnel chargé d’examiner, modéliser et surveiller les écarts entre actifs et passifs d’une institution financière (banque, assurance, etc.). Il contribue à la mise en œuvre de la stratégie ALM : calcul de la sensibilité aux taux, simulation de scénarios, suivi des indicateurs de liquidité et de durée, production de reporting pour le comité ALCO, et aide à définir des actions de liability management ou couverture.

Emma Dassé

LinkedIn

Marketing Manager chez First Finance et passionnée de gestion et finance, je me spécialise dans les thématiques liées à la formation. Je décrypte pour vous les grands enjeux réglementaires et stratégiques du secteur, qu’il s’agisse de la certification CFA, des obligations de conformité imposées par l’AMF ou encore des nouvelles normes européennes comme la CSRD. Mon objectif : vous offrir un contenu de qualité, précis et pertinent, pour vous accompagner efficacement dans vos enjeux du quotidien.

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