Dans un contexte où la finance verte occupe une place centrale dans les stratégies d’investissement, les professionnels sont confrontés à une exigence croissante : démontrer que leurs capitaux contribuent réellement à la transition énergétique et écologique. La pression réglementaire, les attentes des clients et la nécessité d’intégrer la prise en compte des critères ESG (environnementaux, sociales et de gouvernance) renforcent ce besoin de transparence et de crédibilité.
C’est dans ce cadre que le label Greenfin, créé par le ministère de la transition, s’impose comme un outil incontournable. Il ne se limite pas à distinguer un simple fonds d’investissement : il certifie un engagement concret en faveur d’un impact positif et d’une exclusion stricte des secteurs liés aux technologies de valeur des combustibles fossiles.
Au fil de cet article, nous analyserons le rôle du label Greenfin comme levier de différenciation pour les acteurs de la finance, ses critères d’attribution, comment l’obtenir, et nous le comparerons au label ISR, autre label de la finance durable.
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En résumé
| Création | 2015 (COP21) – anciennement label TEEC, piloté par le ministère de la Transition écologique |
| Objectif | Financer exclusivement des projets liés à la transition énergétique et écologique |
| Critères du label | 1. Exclusion des secteurs fossiles/nucléaire (partiel)2. Allocation minimale à des projets verts (8 éco-activités)3. Prise en compte des critères ESG (environnementaux, sociales et de gouvernance)4. Transparence et reporting d’impact positif |
| Procédure d’obtention | 1. Dépôt d’un dossier complet par la société de gestion2. Audit par un organisme certificateur (AFNOR, EY France, Novethic)3. Attribution du label pour 3 ans4. Suivi et renouvellement avec contrôles réguliers |
| Comparaison Greenfin/ISR | Label Greenfin plus exigeant et sélectif que le label ISR et moins répandu, mais gage de crédibilité renforcée |
Qu’est-ce que le label Greenfin ?
Le label Greenfin, anciennement connu sous le nom TEEC (« Transition énergétique et écologique pour le climat »), a été officiellement créé fin 2015, à l’occasion de la COP 21, via un décret et un arrêté publiés en décembre 2015 stipulant sa création, son référentiel et ses modalités de contrôle. C’est en 2019 qu’il a pris son nom actuel.
Ce label d’État, piloté par le ministère de la Transition écologique, a pour objet de certifier que des fonds d’investissement orientent effectivement une part significative de leurs actifs vers la transition énergétique et écologique, tout en excluant strictement les activités liées aux combustibles fossiles et, historiquement, au nucléaire
Selon des données récentes, 106 fonds portent désormais le label.
Sur le plan opérationnel, AFNOR Certification, EY France et Novethic sont habilités par l’État à mener les audits de labellisation. Ces audits reposent sur un cahier des charges strict que nous allons détailler.
À lire également : notre article sur l’investissement socialement responsable (ISR).
Les 4 critères fondamentaux du label Greenfin
Pour garantir la crédibilité et l’efficacité de son référentiel, le label Greenfin repose sur quatre critères clés, qui constituent le socle de son cahier des charges et des ses exigences :
1. Exclusion stricte de certains secteurs
Le premier pilier du label est l’exclusion des secteurs incompatibles avec la transition énergétique et écologique. Concrètement, aucun fonds labellisé Greenfin ne peut investir dans :
- Les entreprises liées aux combustibles fossiles (production, extraction, distribution, infrastructures associées).
- Les technologies de valeur des combustibles fossiles, comme les équipements lourds pour l’extraction, le transport ou le stockage du charbon, pétrole et gaz.
- Le nucléaire, bien qu’une réforme de janvier 2024 ait assoupli ce critère : désormais, les entreprises dont moins de 5 % du chiffre d’affaires provient du nucléaire peuvent être incluses.
Cette règle vise à garantir une finance verte sans ambiguïté, alignée sur les objectifs climatiques.
2. Allocation minimale à des projets verts
Le deuxième critère impose aux fonds de consacrer une part significative de leur portefeuille à des éco-activités contribuant directement à la transition énergétique et écologique. Ces activités couvrent huit grandes catégories :
- les énergies renouvelables,
- la construction et rénovation durables,
- la gestion des déchets et recyclage,
- l’industrie verte,
- la mobilité propre,
- les technologies de l’information et de la communication au service de la transition,
- l’agriculture et la sylviculture durables,
- les projets d’adaptation au changement climatique.
Cet ancrage dans l’investissement vert distingue clairement Greenfin du label ISR, plus généraliste.
3. Prise en compte des critères ESG
Le label Greenfin n’est pas uniquement centré sur l’écologie : il exige aussi une véritable prise en compte des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance).
Les sociétés de gestion doivent démontrer :
- la qualité de leur gouvernance (diversité, transparence, lutte contre la corruption),
- l’impact social positif de leurs investissements (conditions de travail, respect des droits humains, fiscalité responsable),
- et la gestion proactive des controverses.
Cette approche globale permet d’éviter le greenwashing en s’assurant que la performance environnementale s’accompagne d’une cohérence sociale et éthique.
4. Transparence et reporting d’impact positif
Le quatrième pilier repose sur la transparence. Les fonds labellisés doivent publier régulièrement des rapports détaillant :
- la répartition de leur portefeuille,
- les indicateurs d’impact positif (réduction des émissions, efficacité énergétique, gestion de l’eau, biodiversité),
- les mesures correctives mises en place en cas de non-conformité.
Une veille active est aussi exigée pour rester aligné avec les évolutions réglementaires et scientifiques. L’information et la communication auprès des investisseurs doivent être claires, accessibles et vérifiables.
Comment obtenir le label Greenfin ?
L’obtention du label Greenfin répond à un processus rigoureux, encadré par l’État et confié à des organismes certificateurs indépendants.
1. Dossier de candidature
La société de gestion doit constituer un dossier complet présentant :
- la stratégie du fonds,
- la part du portefeuille dédiée aux projets verts,
- la politique ESG appliquée,
- les procédures de reporting et de transparence.
2. Audit par un organisme certificateur
Le fonds candidat est évalué par un organisme tiers agréé par l’État, comme AFNOR Certification, EY France ou Novethic. Cet audit indépendant analyse la conformité du fonds avec les exigences du référentiel Greenfin.
3. Décision de labellisation
Si les critères sont respectés, le fonds obtient le label Greenfin pour une durée de trois ans, renouvelable après un nouvel audit. Des contrôles intermédiaires peuvent être réalisés pour vérifier la conformité continue.
4. Suivi et renouvellement
La société de gestion doit maintenir une communication transparente et soumettre régulièrement ses rapports aux certificateurs. En cas de non-respect du référentiel, le label peut être suspendu ou retiré.
Label Greenfin et label ISR : deux approches de l’investissement responsable
1. Deux labels publics pour encadrer l’investissement responsable
La France est aujourd’hui l’un des rares pays à disposer de deux labels d’État dans le domaine de la finance durable : le label ISR (Investissement Socialement Responsable) et le label Greenfin.
- Le label ISR, créé en 2016 par le ministère de l’Économie et des Finances, a pour objectif d’encourager la généralisation des démarches ESG dans les fonds d’investissement. Il constitue aujourd’hui le label le plus répandu dans l’Hexagone.
- Le label Greenfin, lancé en 2015, est piloté par le ministère de la Transition écologique. Plus sélectif, il se concentre exclusivement sur les investissements contribuant à la transition énergétique et écologique, avec une exclusion stricte des secteurs liés aux technologies de valeur des combustibles fossiles.
2. Des volumes d’encours très contrastés
Les deux labels se distinguent aussi par leur diffusion sur le marché :
- En 2024, le label ISR comptait plus de 1 200 fonds labellisés, représentant environ 700 milliards d’euros d’encours sous gestion. Il s’agit donc d’un label de massification, adopté par la majorité des grandes sociétés de gestion françaises et internationales.
- Le label Greenfin, plus exigeant, ne concernait que 102 fonds pour environ 35 milliards d’euros d’encours à la même date. S’il reste plus confidentiel, il se positionne comme un label d’expertise, garantissant un fléchage des capitaux vers des projets alignés sur les priorités climatiques.
3. Différences de philosophie et de critères
- Label ISR : il repose avant tout sur la prise en compte des critères ESG dans la gestion des portefeuilles. Il ne fixe pas de seuil minimal d’allocation verte et n’exclut pas nécessairement certains secteurs (y compris les énergies fossiles), dès lors que la société de gestion applique une politique ESG cohérente.
- Label Greenfin : il impose des critères beaucoup plus stricts. Les fonds doivent diriger une part significative de leur chiffre d’affaires financé vers des projets verts (énergies renouvelables, mobilité propre, efficacité énergétique, gestion durable des ressources, etc.). Les activités liées aux combustibles fossiles et, jusqu’en 2024, au nucléaire, sont exclues.
4. Quels avantages pour les investisseurs professionnels ?
- Choisir un fonds labellisé ISR : permet d’élargir son univers d’investissement tout en respectant des standards ESG reconnus. C’est une solution adaptée pour les assureurs, gestionnaires d’actifs et banques souhaitant démocratiser l’investissement responsable auprès d’une clientèle variée.
- Choisir un fonds labellisé Greenfin : constitue un levier de différenciation fort, notamment pour les acteurs institutionnels, les fonds de pension ou les assureurs cherchant à démontrer un engagement tangible dans la finance verte. Cela leur permet aussi de répondre aux attentes des régulateurs et des parties prenantes en matière de transition énergétique et écologique.
Conclusion
Le label Greenfin constitue un gage de crédibilité et de transparence dans la finance verte. Ses critères exigeants et son processus rigoureux d’attribution, contrôlé par des organismes certificateurs indépendants, en font une référence incontournable pour les professionnels soucieux de combiner performance financière et impact positif.
Pour les acteurs financiers, comprendre et maîtriser les mécanismes du label Greenfin est devenu un atout stratégique : c’est un moyen de répondre aux attentes croissantes des clients ainsi qu’aux obligations réglementaires.
First Finance accompagne les professionnels dans cette transformation à travers ses formations spécialisées, telles que Finance verte et climatique : enjeux, stratégies d’investissement et outils ou encore Finance durable : labels, standards, benchmarks et réglementations, green claims. Ces parcours vous permettent de développer une expertise solide en finance durable, de mieux intégrer les référentiels (Greenfin, ISR, taxonomie européenne) et de transformer vos offres en véritables leviers de compétitivité.
En investissant dans vos compétences grâce à First Finance, vous serez non seulement capables d’anticiper les évolutions réglementaires, mais aussi de créer de la valeur durable pour vos clients.
FAQ
Qu’est-ce que le label Greenfin ?
Le label Greenfin est une certification française pour les fonds d’investissement qui répondent à des critères stricts de finance verte, excluent les combustibles fossiles, respectent les critères ESG (environnementaux, sociales et de gouvernance), et contribuent à la transition énergétique et écologique.
Quels sont les fonds labellisés Greenfin ?
Il existe plusieurs fonds labellisés, comme « Greenfin Transition » ou « Obligations vertes souveraines », tous engagés dans la finance durable. On peut trouver la liste des fonds labellisés ici.
Qu’est-ce que le référentiel du label Greenfin ?
Le référentiel impose une prise en compte rigoureuse des critères ESG, exclut les secteurs liés aux combustibles fossiles, encourage l’investissement dans les projets verts et obligations vertes, exige transparence sur le chiffre d’affaires, et s’appuie sur une veille active pour assurer une conformité continue.